Nos PC existeront-ils encore dans 5 ans ?

A la différence de la nouvelle génération entrée dans l’ère digitale sans même se rendre compte du bouleversement pour nous autres, les anciens, de disposer d’un téléphone portable dont une des missions essentielles est de nous permettre de vérifier en temps réel la météo matinale sans avoir à regarder par la fenêtre, je suis entré dans l’ère informatique en perpétuel enchantement. Je me souviens du premier PC récupéré. De marque Philips.

Cela devait être en 1985.
Il était bedonnant, Il était beau,
il sentait fort le silicon chaud,
mon premier PC !
Y avait des messages verts sur son front
qui progressaient sans action
sur mon clavier !
On l’avait posé dans le salon.
Clavier, écran et unité au diapason.
Il ne rêvait pas encore de nuages.
Il a montré ses tatouages,
en démarrant, son haut-parleur a sifflé,
Montrant son écran : « BIOS certifié »
Montrant sa disquette : « MS DOS 3.1 chargée ».
30 ans plus tard, il n’a presque pas changé…
Il est certes plus puissant et moins cher, mais à peu de chose près, il est le même.
Étonnant pour un milieu technologique qui évolue sans cesse.
Depuis quelques années, les PC traditionnels dans les foyers ont été remplacés par des tablettes. Cela correspond à une logique d’usage. Dans nos familles, il était inutile de continuer plus longtemps à terroriser nos aïeux avec ces carcasses rétives à tout dialogue courtois quand il s’agissait de les solliciter pour une banale vidéo à visionner. Le PC windowsien se repaîtra, en revanche, sans discussion aucune d’une macro opulente sous Excel, de celle que l’on trouve à foison dans les entreprises.
Le cheminent logique pris par certain est d’en déduire que la tablette sera aussi l’avenir du PC en entreprises. Il y a bien quelques niches d’usage, mais dans le cas général qui nous intéresse nous sommes face à un risque de régression en terme de productivité. Rappelons que le collaborateur en entreprise doit d’abord disposer de ces applications avec la meilleure performance et la meilleure ergonomie pour le coût le plus faible pour son entreprise. La tablette avec clavier ? hybride ? avec dock ? du PC.  Le BYOD avec une tablette ? Une erreur d’aiguillage. LE CYOD (Choose Your Own Device) ? Oui, mais c’est du PC (et un peu de Mac), etc, etc.
La suite du PC sera-t-elle une nouvelle génération de PC innovant, ubérisant enfin mon vieux PC Philips ? Ce n’est pas certain. La plupart des constructeurs américains ont abandonné l’innovation sur ce sujet et souvent leurs usines. La dernière compétition qu’il reste est celle du coût du matériel. D’ailleurs, il ne viendrait à l’idée d’aucun grand du secteur de réaliser une keynote, façon Apple, pour présenter le dernier rejeton de la famille PC.
Vous me direz, dans la famille, il reste le cousin. Le client léger. Cousin éloigné, puisqu’il est l’héritier des terminaux des années 70 qui permettaient de se connecter à des mainframes. Cousin jaloux également. Devant le succès du PC, il a voulu se parer à grand frais de la même garde-robe. Cela l’a conduit à s’égarer. Plutôt que se contenter de supporter les protocoles comme RDP et ses consorts en donnant ainsi accès à des applications ou des postes de travail virtualisés dans un data-center, il a souhaité avoir son système d’exploitation, Linux ou Windows. Cela nécessite de prendre un peu de poids tout en allégeant le porte-monnaie. Oubliant ses origines, l’athlète des années 70 est donc devenu une sorte de PC, coût proche, systèmes et logiciels intégrés, maintenance complexe.
Alors notre poste de travail du bureau dans 5 ans ? Il sera le même PC ? En tout cas, compte tenu des innovations importantes et même radicales pour certaines, apparues à tous les niveaux de l’infrastructure, il est difficile de croire qu’il existera encore sous sa forme actuelle. A quoi pourrait-il ressembler ?
Ne pourrait-il pas prendre la forme d’un Cloud Terminal, un client léger enfin vraiment léger, sans système d’exploitation mais avec un noyau frugal de quelques mégas, des modes d’authentification renouvelés via mon smartphone, des applications et un bureau virtualisés dans le cloud disponibles pour travailler une à deux secondes après l’avoir allumé, un coût de quelques dizaines d’euros et puis pour enfin reléguer mon PC au musée qu’il soit magnifique pour trôner sur mon bureau ?