Windows 10 sur une montre connectée ?

Pour l’enfant de la banlieue parisienne que j’étais, le spectacle de fin d’année des vitrines animées des Grands magasins était une source toujours renouvelée d’émerveillement. Plus tard, cela a évolué en une fascination pour le savoir-faire, la technicité, le labeur de nos artisans, les talentueux créateurs inconnus des produits abrités par ces grandes enseignes.

Comme la contemplation de la vitrine d’un pâtissier talentueux peut égaler la dégustation des desserts exposés, le plaisir n’est pas obligatoirement dans la possession. La beauté de l’objet, sa perfection, la qualité du matériau choisi sont les révélateurs du travail de l’artisan qui a façonné son ouvrage avec passion. Cette passion habite l’objet. Vous la ressentez. Vous la vivez. Si vous n’avez jamais ressenti cela, précipitez-vous dans cette enseigne prestigieuse, située à un angle du Faubourg Saint Honoré, vous pourrez peut-être y croiser un imprimeur sur tissu, magicien des couleurs capable de déposer plusieurs dizaines de couleurs sur un carré en soie de quelques centimètres. Vous ne pourrez plus regarder  cet objet de la même façon. Certes, vous me direz, l’achat est de l’ordre du luxe. Oui, c’est certain et je ne m’y aventure pas. A  l’exception peut-être de ce parapluie d’une des deux dernières fabriques d’Aurillac, en parfait état, qui m’accompagne depuis déjà quatre saisons de pluie parisienne doucement acidulée et dont le coût est certes quelques euros plus élevé que son ersatz en plastique mou d’usines lointaines.
Passion. Savoir. Et à l’heure de la consommation instantanée, ces artisans maîtrisent le temps, connaissent la patience et renouvellent chaque jour la règle de Nicolas Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse, et le repolissez ». Une leçon d’humilité pour nos métiers modernes où tout va très vite ou plutôt où tout donne l’impression d’aller vite.
Aussi quand une des enseignes prestigieuses du savoir-faire à la française a décidé de proposer une montre connectée, nous nous y sommes intéressés de près. Très bel objet évidemment. Oui, mais pour quel usage ? Qu’est-ce qu’un éditeur de logiciels de virtualisation d’applications et de postes de travail pourrait bien faire d’une montre connectée ?
Et bien, à peu près ce que nous faisons déjà avec les smartphones. Retour en arrière. Parmi les nouveautés de la dernière mouture de Systancia Workplace BoxOnAir est une nouvelle façon d’envisager la mobilité. Votre smartphone est ainsi devenu l’outil sécurisé où vous allez voir toutes vos applications habituelles et même votre bureau virtuel. D’un geste du doigt, vous pouvez les « lancer » sur n’importe quel média et ensuite travailler normalement. Le média peut être une télévision connectée, un PC dans un hôtel à l’autre bout de la planète, une tablette, un Mac dans un cyber-café. Aucune limite. Vos applications et votre bureau sont dans votre poche et vous travaillez où vous voulez, quand vous voulez en vous affranchissant de la contrainte du poste physique. Les premiers utilisateurs débordent d’imagination en terme de nouveaux usages.
En voyant notre démonstration de Systancia Workplace BoxOnAir, Eric Debray, bloggeur spécialiste des technologies numériques pour l’entreprise, a eu cette idée que ce que nous faisions avec un smartphone, nous puissions le proposer avec une montre connectée. Transposition logique, mais force est de reconnaître que nous n’y avions pas pensé. D’autant plus parce que la mise en œuvre technique était complexe. Rien, pour autant, qui puisse effrayer nos artisans du code au sein de notre centre de R&D de Sausheim.
Ce qui se résume ainsi, ma montre connectée contient mes applications Windows habituelles, mon bureau virtuel en Windows 10. D’un geste tactile sur ma montre, l’application (ou mon bureau virtuel) sur laquelle j’avais commencé à travailler tranquillement au bureau, va être « lancée » sur un PC dans l’hôtel où je viens d’arriver. Je veux pouvoir ensuite travailler sur ce PC. Ou sur tout autre média. Sans contrainte. Le matériel d’accès n’est plus le sujet. Les applications reprennent le pouvoir, l’essentiel est bien de pouvoir travailler sur mes applications habituelles le plus facilement possible.